SEIGNEUR SACHIEZ
Anno: 1238
Gruppo:
Testo e musica: Thibaut de Champagne |Menu
Seigneurs, sachiez : qui or ne s’en ira
En cette terre où Dieu fut mort et vif
Et qui la croix d’Outremer ne prendra,
A grand peine ira en Paradis.
Qui a en soit pitié ou souvenance
Au haut Seigneur doit quérir sa vengeance
Et délivrer sa terre et son pays.
Tous les mauvais demeureront deça,
Qui n’aiment Dieu, bien ni honneur ni prix;
Et chacun dit: « Ma femme, que fera?
Ne laisserai à nul prix mes amis. »
Ceux-ci ont chu en trop folle attendance,
Qu’il n’est ami fors Celui, sans doutance
Or s’en iront ces vaillants bacheliers
Qui aiment Dieu et l’honneur de ce monde,
Et les morveux, les cendreux resteront;
Aveugle est, de ce je ne doute mie,
Qui secours ne fait à Dieu dans sa vie
Et pour si peu perd la gloire du monde.
Dieu se laissa pour nous en croix peiner
Et nous dira un jour où tous viendront:
« Vous qui ma croix m’aidâtes à porter,
Vous en irez là où mes anges sont;
Là me verrez et ma mère Marie
Et vous par qui je n’eus onques aide
Descendrez tous en Enfer le profond. »
Chacun cuide demeurer tout joyeux
Et que jamais ne doive mal avoir;
Ainsi les tiennent ennemi et péché
Car ils n’ont sens, hardiesse ni pouvoir.
Beau sire Dieu, ôtez leur tell’ pensée
Et puis nous mettez en votre contrée
Si saintement que nous vous puissions voir!
Douce dame, reine couronnée,
Priez pour nous, Vierge bienheureuse!
Et après nul mal ne nous peut échoir.
En cette terre où Dieu fut mort et vif
Et qui la croix d’Outremer ne prendra,
A grand peine ira en Paradis.
Qui a en soit pitié ou souvenance
Au haut Seigneur doit quérir sa vengeance
Et délivrer sa terre et son pays.
Tous les mauvais demeureront deça,
Qui n’aiment Dieu, bien ni honneur ni prix;
Et chacun dit: « Ma femme, que fera?
Ne laisserai à nul prix mes amis. »
Ceux-ci ont chu en trop folle attendance,
Qu’il n’est ami fors Celui, sans doutance
Or s’en iront ces vaillants bacheliers
Qui aiment Dieu et l’honneur de ce monde,
Et les morveux, les cendreux resteront;
Aveugle est, de ce je ne doute mie,
Qui secours ne fait à Dieu dans sa vie
Et pour si peu perd la gloire du monde.
Dieu se laissa pour nous en croix peiner
Et nous dira un jour où tous viendront:
« Vous qui ma croix m’aidâtes à porter,
Vous en irez là où mes anges sont;
Là me verrez et ma mère Marie
Et vous par qui je n’eus onques aide
Descendrez tous en Enfer le profond. »
Chacun cuide demeurer tout joyeux
Et que jamais ne doive mal avoir;
Ainsi les tiennent ennemi et péché
Car ils n’ont sens, hardiesse ni pouvoir.
Beau sire Dieu, ôtez leur tell’ pensée
Et puis nous mettez en votre contrée
Si saintement que nous vous puissions voir!
Douce dame, reine couronnée,
Priez pour nous, Vierge bienheureuse!
Et après nul mal ne nous peut échoir.